Sur la Mort

 Sur la Mort

Avant toute chose, je ressens la nécessité d'admettre que je porte des sentiments ambivalents envers la mort. Je suis incertain sur son essence; j'ignore sa nature; je ne connais pas sa raison. Pourtant, j'observe que la plupart des gens religieux disposent d'une conception plus ou moins nette sur ce mystérieux départ du monde matériel. Ce qui est ironique, en fait, est que ceux qui prétendent le plus connaître ce qui s'ensuivra à la suite de la mort tendent à être ceux qui la craignent le plus à l'exception de certains personnages héroïques relevant de religions prosélytistes, c'est-à-dire, les religions qui ont pour but de se diffuser, tels que l'apôtre Pierre dans le Christianisme ou Mousab ibn Oumayr dans l'Islam.


 Malheureusement, le monde contemporain s'est frénétiquement mis en quête de connaissances sur la mort, ce qui me semble hautement saugrenu, parce qu'à mon avis, la mort est un don de la part de Dieu, s'il en existe un, pour que nous puissions nous débarrasser des chagrins mondains. En dépit de son caractère libérateur, la mort a été longtemps redoutée par l'homme bien qu'il n'en ait pas besoin. Je le confirme avec tant de certitude en raison de l'opinion d'Epicure sur elle: "Si nous existons, la mort n'est pas là; si la mort est là, nous n'existons pas." C'est cette philosophie qui m'a donné ce courage face à la mort parce que je me suis rendu compte, grâce à cette remarque, que la mort et la vie ne sont pas des choses qui peuvent exister simultanément. Elles ne peuvent pas interagir entre elles. Tout le monde est effarouché en vain par la notion de fin, car personne ne veut subir une telle mésaventure, soit un accident routier soit une maladie chronique incurable, que son corps n'est pas en mesure d'en supporter plus et il s'effondre complètement. Paradoxalement, tous ces scénarios funestes n'atteindront jamais un malencontreux parce que la mort est indolore contrairement au mal physique ou biologique. La seule souffrance, dont vous serez la victime en cas d'accident aérien où vous brûlez vif dans le fuselage d'un avion qui s'écrase, ce n'est qu'un exemple imaginaire, sera la douleur de brûlure causée par les flammes qui rongent impitoyablement votre corps, mais vous ne ressentez pas la mort elle-même. La douleur s'atténuera graduellement jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement et, à partir d'un certain moment, vous vous endormirez tranquillement en toute paix. Puis, vos proches désigneront votre endormissement involontaire comme "le trépas", entre guillemets. Quant à la mort, la mort ne se sera ressentie jamais vu qu'elle est l'absence et la perte de la conscience humaine à jamais. Par conséquent, la crainte vis-à-vis de la mort est au-delà d'innécessaire. Elle est ridicule.

 En plus, je pense que la société moderne possède une conception erronée et extrêmement limitée quant à la mort. Comme la première preuve intellectuelle et, par extension, intangible, je dois alléguer que la raison principale qui engendre le deuil et les sentiments relatifs est l'hypocrisie humaine et l'avarice facétieuse qui est son fruit. En me basant sur mes propres réflexions, je dirais que toute personne avec laquelle nous ne sommes plus en contact est morte pour nous. Si vous ne visitez plus votre grand-mère, qu'est-elle autre que morte, du moins pour vous? Quand vous coupez les ponts avec quelqu'un et vous vous éloignez de lui, vous le tuez automatiquement pour vous-même. Etonnamment, cela ne constitue pas un bon mélange d'émotions propices au chagrin ou à l'affliction tandis que la mort qui ne manifeste aucune différence de la situation que je viens de mentionner en constitue un désastreux. Alors, j'estime que l'aspect lamentable de la mort n'est pas la perte de quelqu'un en soi, mais l'impossibilité de la contacter à jamais, parce que personne ne pleurerait le manque de quelqu'un tant qu'il est en vie à moins qu'il ne s'agisse d'une relation amoureuse ou bien d'une relation familiale ou amicale. Par contre, une fois que la chance que vous avez pour parler avec cette personne-là s'évanouit, votre cerveau remarque cette nouvelle lacune incomblable et s'affole. Vous vous alarmez et vous tombez dans la recherche éperdue de quoi que ce soit d'allégeant pour combler le manque de cette personne comme s'il s'agissait de quelqu'un de très cher et de très important pour vous en supposant, de façon inconsciente, qu'il vaut mieux n'avoir aucune faille dans son cercle de connaissances. C'est un comportement instinctif très primaire qui dénote une sorte d'hypocrisie pour nous, les êtres humains modernes de la société contemporaine. Pourtant, ce n'est pas une attitude blâmable parce que nous avons tous un lobe dans notre cervau, appelé cerveau reptilien, qui s'occupe de nos réactions les plus primitives en face des difficultés qui nous infligent du stress, qui nous ont été léguées par l'évolution. Cela dit, j'affirme que maîtriser cette frayeur dans une petite ou grande mesure est une vertu, car il y a de nos jours très peu de personnes qui sont capables de brider ses instincts. Avec l'avènement intempestif de mouvements prétendument progressistes, le coeur prend malheureusement le relais et prévaut petit à petit sur la raison. Braver les vitupérations niaises, insensées et hargneuses afin de proclamer la vérité est souvent un défi laborieux à conséquences indésirables et gênantes. Enfin, il doit être considéré comme une vertue de se guider par sa raison en raison de la dépravation émotionnelle de l'ère moderne.


 Une autre façade de la mort est son imprévisibilité que j'apprécie à l'échelle individuelle, puisque la connaissance de la fin de la vie, privée de la conscience de son arrivée, est un fouet qui nous aiguillonne pour que nous fassions de notre mieux et jouissions de la vie pleinement. Si nous savions quand nous allions mourir, la vie deviendrait une attente anxieuse avec un compte à rebours terrifiant. Si une personne savait qu'elle mourrait dans deux mois, elle n'essaierait pas de réaliser ses rêves ou aspirations qui avaient auparavant dû être reportés à cause de l'effervescence de son quotidien ou d'autres tâches plus prioritaires. Bien sûr, un absurdiste ou un anarcho-athée peut prétendre que la vie est déjà vide de sens indépendamment de notre savoir sur la mort. Je réfère ce cas à un autre essai, car cela est un thème amplement controversé au sein de communautés philosophiques qui s'entrechoquent incessamment sur ces pistes. L'insignifiance et la futilité de la vie à part, l'imprévisibilité du trépas est une vraie source de tranquillité pour beaucoup. Sinon, la perception continue du temps qui s'écoule et qui nous propulse inéluctablement vers notre décès serait un tourment navrant au point d'être insupportable, flétrirait la gaieté de la vie et ternirait ses "couleurs" s'il faut parler au sens figuré et de façon littéraire. Toute l'assertion que je viens de devancer dans ce paragraphe aboutit inopinément à une citation de renommée mondiale: "L'ignorance est bonheur."


 A titre de conclusion, j'espère que j'ai bien éclairci mes propres opinions à propos de la mort. Comme vous venez de lire, la mort est absolument inatteignable pour nous même si les douleurs ou les malaises qui nous y amènent n'en sont pas. Ainsi qu'être endeuillé pour quelqu'un que vous n'aviez plus vu depuis longtemps est insolent et impertinent en raison du fait que rien n'est modifié dans notre vie hormis une impossibilité de revoir le défunt ou la défunte en question. Alors, la mort n'est qu'une notion artificielle que nous avons fabriquée afin d'en tirer de nouvelles amertumes et tristesses qui nous désespéreront. Elle ne signifierait qu'une étape habituelle du cycle de la vie et de la mort si nous étions honnêtes et "vertueux" à ce sujet, et nous ne verserions des larmes que pour ceux qui nous étaient véritablement chers.


Merci d'avoir lu.

Athel.

 

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